25-09-2022
Un petit coup de pirogue plus tard, nous arrivons sur l’île de Rah.
C’est Yang et Rachelle qui nous accueillent.
Bien qu’ils soient très gentils et que le bungalow ait une vue à couper le souffle, nous comprenons vite qu’ici on repasse dans le rapport touriste-business.
Yang nous emmène au nakamal pour nous souhaiter la bienvenue.
Depuis le début Damien est curieux de voir au bout de combien de verres le kava fait effet. Il n’a pas été déçu du voyage. Déjà Yang nous a prit 2 gros verres chacun et en plus, un petit papi trop content de nous voir là, nous a payé un 100 (quantité qu’ils mettent dans le verre et le 100 c’est déjà pas mal).
L’effet ? comme l’alcool, la tête qui tourne, complètement embués, impossible de marcher droit, on titube, on tombe presque, par contre il n’y a pas du tout l’effet euphorisant de l’alcool, on est pathétiques et on en est parfaitement conscients …
Ça nous a vacciné, nous n’avons jamais réitéré.
Aujourd’hui, c’est activité fabrication d’huile de coco, nous allons les ramasser dans la forêt, les râpons sur un petit banc, les essorons, filtrons la pulpe puis mettons à cuir le jus tout en essayant de maintenir notre feu de bois suffisamment fort. On touille, 1h…..2h…..3h….puis Sharon nous dit d’aller manger et qu’elle va continuer de remuer jusqu’à ce que ça devienne rouge au fond.
Et voilà comment nous sentons tous les jours le cookie coco 😋depuis.
Puis, nous nous laissons tenter par la « snake dance », une danse traditionnelle originaire de l’île de Rah dont tout le monde nous parle, ici.
Nous attendons tout l’après-midi que les danseurs se préparent, ça y est nous les voyons arriver au loin. C’est très particulier de voir cette troupe venir devant notre bungalow et danser rien que pour nous deux.
Les voir noircis au charbon avec des lignes blanches en guise de rayures, une couronne de feuilles sur la tête et une feuille dans la bouche nous impressionne pas mal pour être honnête.
Pendant 15 min nous avons droit à 4 chants répétés deux fois et les hommes rayés qui tournent autour des musiciens chanteurs. Puis après nous avoir invités à tourner avec eux, nous prenons une photo avec eux et ils s’en vont comme ils sont venus.
Nous restons un petit peu surprit de n’avoir aucune information et surtout que la danse ait été aussi courte pour 50€.
Le soir, Yang prend le temps de s’asseoir et de discuter avec nous. Déjà il nous explique que la snake dance n’est réalisée que pour les touristes, super l’authenticité…
Puis il nous raconte un petit peu son histoire et les traditions. Les Ni-Vans n’achètent pas de terres, chaque parcelle est divisée en fonction du nombre d’enfant et les parents leur construisent des maisons dessus.
Il nous explique aussi que pour pouvoir se marier, l’homme doit acheter sa futur femme.
Il paye en moyenne 80 000 vatu (environ 700€) à son beau-père puis la femme lui appartient.
Elle doit quitter sa famille pour partir dans celle de son mari.
Chaque couple doit faire des enfants, c’est très mal vu de ne pas en avoir, ils sont considérés comme feignants s’ils restent sans. Il y a d’ailleurs beaucoup d’adoption.
Faire des enfants c’est pouvoir garder ses terres dans sa famille et s’assurer d’avoir quelqu’un pour s’occuper de soi durant ses vieux jours. C’est d’ailleurs au fils que revient cette tâche.
S’il n’y a que des filles dans la famille, alors le prix de la fille baisse mais en contre partie le gendre s’engage à s’occuper de ses beaux parents.
Il nous explique aussi que sa femme étant de l’île de Pentecôte, ils ont suivi la tradition et on envoyé leur fils sur cette île pour se faire circoncire. Ils font ça sans anesthésie et avec un bambou.
On grimace et déclare que ça doit faire mal. Ce à quoi il nous répond que oui ça fait mal mais qu’avant de circoncire, ils fouettent le dos du gamin pour qu’il connaisse la douleur.
Ainsi au moment du coupe-coupe il est capable de surmonter celle-ci puisqu’il la connait déjà.
Ayant très peu de chose à faire sur cette petite île, nous voulons passer en face sur l’île de Vanua Lava.
La traversée qui devait coûter 120€ aller/retour est désormais passée à 120€ aller simple…
Finalement Yang nous dit qu’il s’est arrangé avec un capitaine et qu’il nous propose de faire l’aller/retour pour 150€…eh bien allons-y…
Le capitaine ? Son fils ! Sur son bateau à lui…on commence à en avoir légèrement marre d’être prit pour des vaches à lait !
Après donc une heure de traversée nous arrivons au village de Sola.
Baignade et balade dans le village seront nos seules activités possibles de l’après-midi.
Le lendemain c’est un jour spécial ! On se lève avec le sourire aux lèvres, impatients comme tout d’arriver au village de Mossina où nous avons des femmes qui nous attendent pour nous faire la « Water music » exactement ce pourquoi nous sommes au Vanuatu !
Serah notre logeuse nous dit qu’il y a une fête au village et qu’on pourra la visiter avant la musique dans l’eau.
Une fois sur place, on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose à part des équipes de volley qui s’affrontent en pool. Serah nous fait nous balader mais même elle voit bien qu’on n’a pas grand chose à faire ici.
Nos musiciennes sont prêtes, nous allons à la rivière.
4 femmes, seins nus, jupes de feuilles et couronnes sur la tête nous attendent.
On est tellement heureux de pouvoir voir ce spectacle que nos sourires touchent nos oreilles.
Première musique, 20 sec, on applaudit, on se dit wouah on peut faire pleins de sons avec l’eau c’est fou!
Deuxième musique, exactement la même que la première, 20 sec, clap-clap.
Troisième musique..idem, 20 sec, clap-clap…Là vous savez quand vous avez le sourire qui décroît lentement comme un élastique qui revient à sa taille normale…eh bah c’est exactement ça !
Quatrième musique, toujours la même…et là gros moment de gêne puisque les dames se regardent entre-elles, elles nous regardent nous, on comprend qu’elles ne savent pas quoi faire d’autre.
L’une attrape même ses nénés qu’elle fait tourner…..grosse grosse gêne…Serah leur dit « bah recommencez ». C’est repartit pour les 3 clapotis, 20 sec.
Après ces 3 min elles nous disent « voilà finish »
On est liquides, on paye les 50 balles demandés et on part se promener sur la plage puisque il n’y a rien d’autre à faire.
Le déception est tellement grande que je fonds en larmes, Damien est plus que jamais dégoûté, une vraie réussite cette water music.
C’est la première fois du voyage que le moral est aussi bas. On se dit que finalement ça ne sert à rien de voyager si c’est pour être prit pour des cons. Qu’il vaut peut-être mieux laisser ses rêves où ils sont et ne pas les réaliser sinon on sera forcément déçus. Qu’on serait finalement mieux chez nous avec nos proches et notre van…
Oui, ce coup là est très très dur à encaisser.
On n’a pas envie de retourner au village, on n’a pas envie d’affronter tous les regards sur les deux seuls blancs de l’île, on n’a pas envie de devoir sourire à tout le monde, on a envie de rester là sur cette plage magnifique, (seule la nature ne nous a jamais déçue au Vanuatu), de toutes façons il n’y a rien d’autre à faire que de rester assis à attendre que le temps passe.
Notre seule activité possible de l’après-midi c’est du snorkeling mais il a plu, alors l’eau est trouble, on ne voit rien donc on attend. C’est l’activité principale du Vanuatu, attendre que les heures passent.
C’est pas que nous, les locaux font ça toute la journée. Ils se mettent à l’ombre et attendent l’heure de manger ou l’heure d’aller au nakamal boire du kava. On se fait même la remarque qu’ils ne jouent pas. Dans tous les pays qu’on a visité, ils jouent toujours dans ces moments là, aux cartes ou aux dominos mais non là on attend. Le plus dur c’est le soir. Il fait nuit noire à 17h et le repas est servit à 20h. Il n’y a pas internet bien sur mais pas non plus trop de moyens pour recharger nos téléphones ou l’ordi puisque tout est en énergie solaire. Les heures sont longues et le moral baisse aussi vite que le soleil.
Le lendemain nous devons partir faire une rando sur le volcan et faire du snorkeling l’après-midi tout en rentrant sur l’île de Rah. Il a plu toute la nuit et Serah nous dit que c’est pas possible d’aller au volcan parce que ça glisse. L’eau est trouble pas de snorkeling non plus alors qu’est ce qu’on fait ? eh bien on attend…On attend midi (il est 7h30) que le repas soit servit et ensuite on attend que notre « capitaine » se décide à prendre la mer.
Après s’être prit des sceaux d’eau sur la tronche pendant une heure, nous arrivons à Rah, où à la surprise générale….nous attendons le repas du soir. Nous avons fini nos bouquin, fait 850 parties de cacho, je ne sais combien de parties de président, fait une liste des activités que nous voulons faire en rentrant, nous en sommes à faire un pendu…
Rachelle nous dit qu’elle nous offre la randonnée jusqu’au rocher de Rah le lendemain matin au lever du soleil (sinon c’est 5€ par personne pour 15 min de marche) parce qu’on avait gentillement discuté avant de partir pour Sola en lui disant que 100€ la nuit c’était quand même très cher et que Zaza nous avait dit qu’on aurait des langoustes et crabes de coco à chaque repas d’où le prix élevé hors nous avons eu des blettes et un bout de poisson à chaque fois. (Les plats de Nancy nous manquent beaucoup)
Le lever de soleil est magnifique, du haut du rocher, nous dominons l’île et la couleur dorée fait ressortir le vert fluo des palmiers. L’instant est doux, la nature est vraiment superbe, ça adoucit un peu notre moral éprouvé. Nous savons aussi que nous partons aujourd’hui ça aide un peu, enfin nous espérons que l’avion va passer sinon nous sommes repartis pour une semaine et là, ça va être compliqué pour notre santé mentale.
Nous arrivons 3h avant notre vol à l’aéroport parce que des fois l’avion part en avance, alors on attend. Nous croisons le mari de Serah qui travaille à reconstruire la route, il nous dit qu’on aurait pu aller au volcan, que c’est lorsqu’il pleut qu’on ne peut pas y aller parce qu’avec l’évaporation des gouttes on ne voit pas où on marche mais pas parce que ça glisse…..😭
Nous partons avec une heure d’avance, le survol des îles nous émerveille à nouveau.
Nous faisons un petit bilan rapide, l’expérience chez Nancy et Nicolas était l’une des plus belle de tous nos voyages confondus, voir s’organiser ces gens dans des conditions tellement différentes des nôtres et lutter pour ne serait-ce qu’avoir une route en dur pour éviter qu’elle se détruise à chaque pluie, était une expérience très intéressante et on a beaucoup aimé mais être prit pour des cons et passer notre temps à attendre nous a franchement laissé un goût amer.
Etat de la situation
Température: 30° C
Langue: Langui
Mood: Décomposition
Budget: Trop élevé
La question du jour :
« Tu crois qu’ils nous trouvent jeunes ou vieux sachant qu’on a 10 ans de plus que les parents et 10 ans de moins que les grands parents? »































Ho ça me rend triste que vous ayez eu une si mauvaise expérience dans un lieu aussi joli, mais je comprends tout à fait votre déception qui ne doit pas entacher ce merveilleux voyage !