11-07-2022
Ce soir nous arrivons à Medellin et c’est soir de match…
Pas facile de trouver un endroit où manger tant la musique est extra forte de partout!
Impossible de se parler dans la rue et tout est bondé, nous finissons par prendre un kebab pour le manger au calme à l’hôtel !
Il faut savoir qu’en Colombie, nous sommes particulièrement impressionnés par le bruit et surtout la différence d’accoutumance à ce dernier entre les locaux et nous. Il arrive presque tous les jours qu’on trouve une ou plusieurs personnes assises sur des chaises à 30 cm d’enceintes énormes, qui crachent un son tellement fort qu’il nous fait mal aux oreilles alors que nous passons seulement et à 50m…eux restent là des heures et des heures, les oreilles collées contre. 😯
Nous faisons l’aller retour à Guatapé dans la journée.
Nous découvrons le fameux rocher, le « Penon de Guatapé » qui offre une fois les 740 marches grimpées une vue à 360° sur le lac et les alentours.
Plus bas, le petit village de Guatapé arbore des maisons toutes plus colorées les unes que les autres. Leurs spécificités sont les plinthes traditionnelles représentant des choses que les habitants des maisons aiment ou par lesquelles ils se définissent.
Colombie oblige, une fois les rues arpentées et un déjeuner local avalé, nous finissons avec un café dans la main, cette fois ci perchés sur un balcon, nous permettant de regarder les passants.
Puis une fois revenus à Medellin, nous nous attaquons à une partie difficile de l’histoire de la Colombie avec la visite de la « Comuna 13« .
Notre guide, Steven de Zippy Tour est certainement le meilleur guide que nous ayons eu de tous nos voyages confondus.
Ayant grandit et habitant encore dans la commune, l’histoire sort de ses tripes, larme à l’œil garantie.
La visite se déroule en 3 étapes, la première aborde la drogue, les opérations militaires et l’explication des différents acteurs du conflit armé interne.
La deuxième, la raison pour laquelle aujourd’hui nous pouvons nous balader dans cette commune tranquillement alors qu’il y a 20 ans c’était l’endroit le plus dangereux de la ville
et enfin la troisième aborde les fresques murales et l’art de rue.
Il commence alors à nous expliquer avec une carte où étaient les laboratoires de cocaïne et les différents trajets empruntés dans la jungle pour rejoindre la côte pacifique pour envoyer la drogue au Panama ou au États Unis et la côte caraïbe d’où elle rejoint l’Europe.
Ensuite il nous présente les différents groupes qui ont mit à feu et à sang la ville ,surtout des année 1980 aux années 2000: les narcos, les gangsters, les FARCS et les paramilitaires.
On remarque tout au sommet de la montagne des maisons en bois. Celles-ci sont des maisons illégales que se construisent les gens des campagnes qui ont tout perdu lorsque les narcos ont réquisitionnés leurs terres pour faire pousser de la coca et que le gouvernement n’a pas pu reloger tant il y a de demandes.
Alors ils vivent dans ces maisons sans eau et sans électricité en attendant des jours meilleurs.
Mais ils savent « seulement » cultiver la terre, impossible de se faire embaucher pour un métier de ville, ils tombent alors encore plus dans la pauvreté. Leur seule porte de sortie, du moins la plus accessible semble être de dealer de la drogue contre une petite rémunération, n’ayant pas vraiment le choix et devant faire vivre leur famille, ils tombent à leur tour dans cet engrenage.
Les quantités d’exportation de drogue sont en perpétuelles augmentation.
On veut nous faire croire que tout s’est arrêté après la mort de Pablo Escobar mais selon Steven c’est seulement mieux caché, la preuve les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Il en vient forcément aussi à nous expliquer l’opération la plus meurtrière du gouvernement à Medellin. L’opération Orión a été l’ une des dix-sept opérations militaires de la guerre urbaine de la Comuna 13.
Les militaires, guidés par les paramilitaires (un comble puisque ce groupe d’autodéfense est illégal et meurtrier, cela laisse d’ailleurs un goût amer aux Colombiens).
Ayant raté beaucoup d’opérations avant , cette fois-ci les militaires sortent l’artillerie lourde dont les hélicoptères et commencent à tirer de partout dans la Comuna 13 pour éliminer les cartels. Le problème, c’est que les maisons ici sont en briques. Une balle d’un 9mm peut traverser 2 murs, imaginez avec des armes de guerres. Le fait que les gens se soient fait tirer dessus à l’intérieur de chez eux a laissé une plaie qui a beaucoup de mal à cicatriser. Cependant, il explique aussi que cette opération, bien que controversée, marque le début d’une entente très complexe permettant de rapporter une certaine paix. Lui, comme tous les habitants de la commune, paye une taxe de 2% de ses revenus aux gangsters (en plus de ses impôts classiques) pour que ces derniers assurent la sécurité de la Comuna et que les crimes cessent.
Dans ce semblant de paix un espoir se dessine.
Le hip hop, la musique et les fresques murales se développent, les jeunes commencent à gagner leur vie avec ça. Il y a donc un élan particulier pour l’art de rue qui se crée.
Steven nous emmène dans le complexe scolaire où des ordinateurs avec internet sont mit à la disposition des jeunes, des stades de basket et de foot et tout ce qui leur faut pour avoir envie de se réunir ici plutôt que dans la rue. Il nous parle de l’importance de notre présence, puisque les jeunes voient qu’en parlant anglais, il a un travail dans le tourisme et qu’il peut gagner sa vie. Selon lui c’est une excellente source de motivation pour apprendre l’anglais et un exemple qu’il peut proposer aux jeunes de suivre.
Nous passons par les emblématiques escalators de la Comuna où nous avons même droit à un rap par des artistes à la tête d’une association pour initier les jeunes au rap d’improvisation.
Une fois arrivé tout en haut, la vue sur Medellin est incroyable, les explications s’achèvent sur la deuxième chance que le gouvernement a essayé de donner aux gangsters.
Il y a eu des programmes pour que ceux ci se reconvertissent, ils ont apprit à faire du miel ou même à fabriquer leurs bières (que nous n’avons pas manqué d’aller goûter à la fin de la visite, au bar d’un gangster). Selon Steven ce ne sont pas que des mauvaises personnes mais des personnes qui n’ont eu que de mauvaises propositions.
Il terminera en nous disant : Je ne me définis pas en tant que Colombien par les narcos, je n’aime pas la drogue, n’y ai jamais goûté et n’y goûterai jamais, je n’aime pas non plus Pablo Escobar. Sachez que Netflix parle des Narcos et pas des Colombiens. La Colombie est un pays magnifique pour 3 raisons, la première par la nature exceptionnelle qui nous entoure, la deuxième par la douceur de vie et enfin par les Colombiens eux mêmes qui sont des personnes exceptionnelles et je vous invite à discuter avec un maximum d’eux, vous verrez. »
La journée s’achève par la visite du superbe Musée de la Mémoire qui reprend tous les faits sanglants et terribles qui ont frappé Medellin jusqu’à très récemment.
L’histoire de la ville est vraiment poignante et nous a beaucoup touchés tous les 3.
On peut dire que ce n’est pas une visite qui laisse indemne.
Etat de la situation
Température: 25°
Histoire du pays: +++
Heures de trajet: 4
Coup de coeur : ❤ ❤ ❤
La question du jour :
«Est ce que tu crois que c’est un vrai gangster derrière le bar ?




























