Bolivie – Cochabamba

05-04-2022

Ce soir, on ne fait pas les fiers, on est même un petit peu stressé.
Nous rencontrons notre famille d’accueil pour la semaine à venir. La famille se compose de Magui et Edmundo, les parents. Mauricio, le fils cadet (30 ans) et Gabriella, la petite dernière (22 ans).
Nous ne sommes pas très à l’aise, un peu patauds même mais heureusement notre maman Bolivienne à l’habitude et nous prenons nos marques petit à petit.
Demain, nous avons rendez-vous à 8h30 pétantes à l’école Carmen Vega pour prendre nos premiers cours d’espagnol.
L’école est dans la maison de Jacques et Carmen, les propriétaires et les cours se font dans le jardin avec le chat sur les genoux ou bien dans des petites pièces au fond du jardin. Nous comptons sur ces 4h chaque matin pour progresser et être capables d’avoir des conversations un petit peu plus élaborées sans avoir à mimer la moitié des phrases (même si on est fan du time’s up hein, ce n’est pas de tout repos de gesticuler comme ça XD)

L’après-midi est consacré tout d’abord à la sieste, puis aux devoirs et ensuite nous allons découvrir la ville de Cochabamba soit tout seuls soit avec notre Mamita.
Nous montons alors au Cristo de la Concordia (plus haut que celui de Rio de Janeiro) d’où la vue sur la ville est superbe et nous réalisons alors la taille ultra imposante de cette ville. Nous y montons en téléphérique car parait-il que des « voyous/brigands/malfrats » ont élu domicile dans les champs de cactus qui entourent les escaliers pour y monter et que nous sommes à peu près sûr d’arriver en haut complètement à poil si on emprunte ce chemin.

Magui nous explique que Cochabamba est une ville qui souffre énormément du manque de travail et donc de vols, surtout depuis la pandémie qui a fait des ravages en Bolivie. C’est alors la première fois que nous gardons un œil très attentif sur nos sacs, sortons avec le minimum et évitons de sortir nos billets des poches à la vue de tous.

Nous visitons avec notre mamita la maison de Simon Patiño, un riche industriel qui gérait 60% de la production mondiale de l’étain et qui a érigé une immense maison à Cochabamba dont il n’a jamais pu profiter puisqu’il est mort juste après la fin de sa construction.

Nous visitons également la Cancha, un IMMENSE marché irréel qui prend une grande partie de ville. Nous sommes samedi, le jour le plus remplit et Magui est sur ses gardes puisqu’il parait que les vols sont hyper fréquents et avec nos têtes de gringos, on est un peu le jackpot pour eux.

La Cancha c’est vraiment quelque chose. Vous y trouvez absolument tout. Si vous cherchez quelque chose, vous trouverez forcément là-bas !
Nous passons 4h à aller et venir dans ce capharnaüm organisé. Nous pouvons voir 350 sortes de patates différentes, des citrouilles de 150 kg, des chaussures en pneus recyclés, des habits de tous genres, des tenues traditionnelles et des tenues de danse traditionnelles de toutes les couleurs. Nous passons devant des fruits colorés dont nous goûtons des nouvelles saveurs incroyables (notamment le fruit du cactus, délicieux !). Puis en passant par les outils nous arrivons devant les animaux où les chiots et chatons avoisinent les belles perruches colorées faisant échos aux petits poussins. Puis les petits lapins angoras rangés à côté des mignons petits cochons d’inde, où nos « ooooh coucou toi t’es trop mignon, gouzi-gouzi » trouvent comme réponse « Miam ! Es muy rico ! »… (Paix à ton âme ma petite Frimousse)
Nous traversons bien évidemment la viande, cœur de bœuf, foie et poulet, les poissons bien rangés à même le sol. Des stands de tresses aussi, (eh oui les Cholitas qui n’ont pas les cheveux assez longs peuvent se faire des rajouts de tresses en vrais cheveux pour que celles-ci correspondent à leur code de beauté).
Le plus incroyable, selon nous, sera l’espace dédié aux éléments servant aux offrandes à la Pachamama. Quelques fois par an ou bien tous les premiers vendredis du mois, les Boliviens font ce rituel pour demander différentes choses à la Terre mère. De l’argent, de la chance, une maison, des ventes fructueuses dans leurs échoppes etc… Ce rituel s’appelle la « K’oa ». Le principe est alors d’offrir des choses à la Pachamama en lien avec ce qu’on lui demande en retour. Par exemple, si l’on veut de la richesse on peut alors, parmi les plantes, les herbes que l’on fait brûler, ajouter une pièce en chocolat. Le plus incroyable dans tout ça, c’est qu’ils ajoutent dans leur offrande « un fœtus ou bébé de lama séché » (une dame tenant une échoppe et parlant français nous explique alors que ce sont des fœtus perdus lors de fausse couche ou bien des bébés nés dont la mère ne veut pas s’occuper) nous espérons alors secrètement que ce n’est rien de plus mais vu le prix de vente ce ces petites bêtes, on se demande s’il n’est pas plus rentable de vendre ces bébés de cette manière.
Alors non ce ne sont pas de belles peluches de lama qui sont accrochées ici et là mais bien ces petits lamas conservés au formol qui peuvent se vendre jusqu’à 300 bolivinos (=40€) (s’il on veut comparer, le midi nous mangeons le repas du jour au marché pour 10 bob (=1,35€).
Nous repartons ébahis et heureux de cette visite incroyable du plus grand marché d’Amérique Latine et surtout avec nos précieux ingrédients pour faire un repas français demain.
Au menu hachis Parmentier et riz au lait de ma grand-mère.  

Voici comment se déroule notre quotidien dans la famille.
Petit déjeuner en famille avec pain+ fromage + milkshake banane.
Au retour de l’école, déjeuner en famille pour ceux qui rentrent du travail avec un plat élaboré (viande + riz + patate + jus de fruit frais chaque jour différent). L’après midi commence par une sieste et nous partons ensuite visiter la ville. Le soir, nous buvons un thé ou maté avec du pain, du fromage et de la confiture. Pour nous, il y a exception, Magui sait qu’on mange le soir en France alors on a le droit de manger les restes du midi.
Ils nous font découvrir les musiques et clips célèbres de Bolivie. Nous apprenons à jouer au « Cacho » un jeu de dés Bolivien. Bon au départ on a vraiment l’impression que Perceval nous explique le cul de chouette ( pour les connaisseurs) mais finalement après plusieurs parties, on se débrouillent plutôt bien. Magui et Edmundo nous offrent même le jeu en souvenir de notre passage chez eux ❤

Nous nous rendons compte ici de la difficulté de la vie en Bolivie. De l’eau qu’il faut faire bouillir avant de la boire, de la chance d’avoir une machine à laver pour ceux qui peuvent se le permettre, de récolter l’eau de la douche dans des bassines pour s’en servir en chasse d’eau et essayer de peu consommer l’eau puisque la ville n’ouvre les vannes que du samedi au lundi pour remplir les cuves des particuliers. Ils nous disent très souvent : « en Bolivie, tout est possible mais rien n’est sur ».

Le covid est aussi, un gros sujet ici. Les Boliviens n’ont pas tous accès à une assurance santé et souvent, ne peuvent pas se permettre de payer 3000$ par nuit à l’hôpital s’ils sont atteints du covid. Beaucoup choisissent alors de mourir chez eux pour ne pas endetter leurs familles (de ceux là il y a beaucoup de jeunes vers la 30aine). Ils font la queue 7h pour pouvoir se faire vacciner (ce qui mériterait d’en faire réfléchir quelques-uns chez nous). De plus, la pandémie est extrêmement traumatisante pour eux parce que pour ceux qui ont un proche qui rentre et meurt à l’hôpital, ils se voit rendre les cendres du défunt alors qu’il y a tout un rituel de présentation du corps, de recueillement et d’enterrement pour pouvoir faire leur deuil correctement.

Qu’elle semaine incroyable!! Nous avons l’impression d’avoir tant appris sur la Bolivie en si peu de temps. Nous avons adoré notre expérience à Cochabamba

Les au revoir se font avec les yeux mouillés et un petit apéro à la Française avec un camembert, une baguette et une bouteille de vin rouge.


Etat de la situation

Température : 25°

Budget: 32€/j/pers

Espagnol: Moyen

Bouteilles de vin bues: 1


Anecdote

Nous apprenons à notre arrivée à l’école que la maman de Carmen est décédée la semaine dernière et que la messe des 9 jours aura lieu après demain. Carmen nous explique que c’est important pour elle que nous venions et que c’est important pour nous de pouvoir voir comment se passe la coutume du deuil ici en Bolivie.
Nous voila alors, vêtu de nos habits les plus sombres au milieu de 170 personnes venus assister à cette messe en hommage à cette femme.
A la fin, la famille prévoit une collation pour chaque personne qui est venue. Nous avons alors droit à un empañadas piquant ou au fromage et une brique de jus de fruit.
Magui et Edmundo, amis depuis l’enfance avec Carmen sont alors conviés dans sa maison pour y partager un repas avec toute la famille. Etant leurs « enfants » pour la semaine, nous venons avec eux. Ici la tradition veut que l’on serve, aux invités un « api » boisson tiède à base de maïs violet, cannelle et clou de girofle (très fort !!). C’est épais et pas vraiment à notre goût mais ne pouvons pas refuser. La famille nous distribue également des bugnes boliviennes (spécialité technique à réaliser) qui était le plat préféré de la défunte.
Carmen nous expliquera plus tard qu’elle devra porter du noir, ne pas danser ou chanter pendant un an.  Qu’il y aurait une messe d’un mois puis six mois. La dernière messe sera celle des « un an » où à la fin de celle-ci, elle pourra retirer ses habits noirs et faire une grande fête qui marquera la fin du deuil.


La phrase du jour

« Voy a bajar a la esquina por favor ! »

(Phrase que les Boliviens disent pour descendre des taxi-truffi. Nous voilà partis pour le centre ville sans notre Mamita et me voilà en train de prononcer la phrase pour signaler notre arrivée à destination. Sauf que dans la panique, la phrase est sortie beaucoup plus fort que prévu, ce qui rend Damien mort de rire et qui a réveillé nos voisins du bus)