17-03-2022
Dilemme et décision.
Pour atteindre les prochaines villes plus au nord, depuis Puerto Natales, il n’y a pas de route.
3 options s’offrent à nous :
-Repasser en Argentine et remonter la route jusqu’à Mendoza pour rerentrer au Chili après.
-Prendre un vol de Puerto Natales à Puerto Montt, en faisant une croix sur la route mythique : Carretera Austral
-Prendre le ferry de Puerto Natales jusqu’à Caleta Tortel mais la traversée coûte 140€ par personne, on ne peut pas réserver les logements sur internet et il n’y a aucune information sur les bus nous permettant de remonter le long de la Carretera.
Après beaucoup beaucoup beaucoup d’hésitation, la perspective de manquer une partie de la Patagonie Chilienne nous décide à acheter notre billet de ferry.
Nous embarquons le mercredi au soir et passons la première nuit au port puis partons au petit matin du jeudi.
Le ferry c’est déjà toute une aventure. Nous devons payer 140€ chacun, notre ticket, quand les Chiliens, payent le leur 40€. Vous nous direz, peut-être qu’ils ont eu besoin de budget pour embaucher du personnel anglophone, imprimer des petits panneaux explicatifs en anglais ou encore traduire les consignes à bord…que nenni ! On nous gratte 100 balles chacun juste comme ça, c’est cadeau gringo !
Mais leur plaquette alléchante avec possibilité de voir des baleines, des orques, des dauphins, des icebergs nous promettent d’en avoir pour notre argent….hum, hum. En 2 jours pleins de navigation nous n’aurons pu voir que deux petits lions de mer.
Ils ont découpé les 140 passagers en groupes de 30 pour aller manger à tour de rôle. On nous appelle aux haut parleurs « Goupe 1- réfectoire ! », avons 15 min et pas une de plus pour manger avant d’être dégagés comme des malpropres. Oui, même si tu as encore la bouche pleine, même si tu as mis 10 min à obtenir ta maigre portion, même si tu en es qu’au milieu de ton plat…tu dégages !!
C’est affamés qu’on retourne à nos sièges rudimentaires, (inclinables quand même) en passant par l’extérieur où le spectacle insupportable d’une petite remorque remplie de moutons deux fois trop nombreux pour pouvoir, ne serait ce que bouger un petit peu la tête, sans eau et sans nourriture qui pendant deux jours ont vécu dans leurs excréments laissant une petite odeur tout à fait fabuleuse à quiconque met le nez dehors.
Le seul point positif, c’est qu’on fait pleins de rencontres, Ines et Grégoire dont on visite jalousement le bus aménagé, Véronique et Bernard qui nous invitent pour le goûter dans leur pick-up cabine, les parties de rami avec Uval et Drew, des israéliens de notre groupe et Nicolas et Bob, rencontrés chez Don Jimmy.
Arrivés à 23h nous avons la chance de pouvoir venir avec Nicolas et Bob dans leur auberge de jeunesse. De nuit à Caleta Tortel, c’est pas facile de trouver son chemin. On découvrira le lendemain un petit village de pêcheur hyper mignon, tout en passerelles de bois qui s’éparpillent dans tous les sens.
Puis nous réussissons à prendre un bus (bien que nos places réservées initiales aient été vendues) avec une autre compagnie pour arriver à 20h à Cochrane, où nous retrouvons des Chiliens, Allemands et Suisses du Ferry. Ce soir c’est la fête. C’est un week-end rodéo. Nous sommes soulagés de voir que le sinistre spectacle n’est qu’en journée et que ce soir c’est plutôt un festival de nourriture et musique.
D’ailleurs, allant sereinement acheter des frites, Damien se fait entraîner sur la piste par une chilienne pour danser la cumbia. Elle avait autant d’entrain qu’il lui manquait de dents et je ne la remercierais jamais assez de me donner ce spectacle de Damien gêné au possible au milieu de la piste ❤
Après quelques courses dans une supérette la soirée se terminera entre la team ferry dans un parc. On y apprend tristement par une chilienne que les français ont la réputation de ne pas aimer les étrangers qui ne parlent pas français.
On rentrera au petit matin, à peine le temps de fermer un œil qu’il faut déjà ouvrir l’autre pour prendre le seul bus (où il ne restait que 2 places) direction Puerto Rio Tranquilo. Ce petit village au bord du lac est mignon. C’est très réputé pour ses falaises de marbre de la Capilla de Marmol. On décide alors, de faire l’excursion en Kayak pour aller les découvrir. (1h30 -> 45€/pers). Par chance nous sommes que 3 à faire le tour et le beau temps est de la partie.
Tout content nous sortons la go pro, chargée, je prends la pause, Damien clic et hop…No SD Card, super !!!!! Notre guide, Luciano nous sauvera avec son téléphone pour faire quelques photos. Malheureusement habitué au touristes instagram, il ne comprend pas pourquoi on veut qu’il prenne des photos des formations de calcaire, faisant penser à du marbre, sans que notre tête soit dessus ^^.
Puis la galère des bus continue, il n’y a pas de bus avant le lendemain pour partir d’ici. Heureusement, nous recroisons Véronique et Bernard qui nous proposent, au cours d’un apéro, de nous emmener à Villa Cerro Castillo puisqu’il n’y a pas de bus tous les jours.
Cette route pourtant mythique est en mauvais état. Les ¾ sont en terre/gravier avec des nids de poule histoire de pimenter la conduite.
La météo s’annonce horrible pour le lendemain, nous décidons alors d’opter pour une grass mat. Sauf qu’à 10h il fait grand beau. Par chance, on trouve un bus pour le lendemain matin, le réservons, déjeunons en vitesse, changeons d’auberge pour en avoir une ayant une cuisine à disposition et nous dépêchons d’aller au début du sentier. Il y a 5 km à faire avant de rejoindre l’entrée de la rando. Il parait que le stop fonctionne bien..Pourtant dans notre cas, les voitures qui s’arrêtent nous demandent une dizaine d’euros. On en a marre de devoir mettre la main à la poche en permanence. On marche donc à toute vitesse pour rejoindre l’entrée qui ferme à 12h.
A 11h58 nous arrivons au début de la rando, qui passe par le champ d’un particulier et oblige les marcheurs à payer. Bien entendu nous avons encore droit à notre tarif spécial gringo 20€ chacun…. Là ils nous disent qu’on a 4h de montée et qu’à 16h ils obligent tout le monde à redescendre.
On monte alors les 1100m de dénivelé à toute vitesse pour pouvoir profiter de la vue et manger. Les rafales de vent, la pluie et les nuages nous accueillent en haut, au point de devoir redescendre, complètement gelés, à peine 15 min plus tard.
Plus les jours passent et plus notre moral baisse. Cette Carretera Austral est vraiment difficile à apprécier en mode sac à dos. Nous passons finalement notre temps à essayer de trouver des bus, qui ne passent pas tous les jours et surtout qui ne passent pas aux jours indiqués sur les horaires affichés. A essayer de trouver des auberges avec des prix raisonnables et surtout une cuisine qu’on peut utiliser car le resto fait très très mal. Les lieux à visiter sont finalement très chers puisqu’il faut payer soit une excursion soit une entrée et lorsqu’on peut enfin admirer quelque chose, on se demande si tout ça en valait la peine…
De plus, nous avons froids. Tout le temps. Il fait quelques degrés dehors et les habitations sont à peine chauffées par un pôele à bois dans la pièce principale.
– Faire de la buée alors qu’on est encore dans son lit : check
– Dormir avec son bonnet : check
– Dormir à deux dans un lit simple pour essayer de se réchauffer : check
– Partir à la douche, sentir les 6° de la salle de bain et se raviser sur le lavage des cheveux : check
– Constater que la douche est à l’eau des glaciers non chauffée et ne pas réussir à se mouiller au-dessus de la taille : check
– Vivre jour et nuit avec tous ses habits en mérinos : check
Avec notre budget journalier à 100€ nous devons prendre une décision. Soit on continue à faire fondre notre budget ici, soit on se dépêche de remonter pour aller voir ailleurs si l’air est plus chaud.
Nous perdons alors 3 jours pour faire Villa Cerro Castillo -> Coyhaique -> La Junta -> Chaiten d’où nous prenons un ferry pour Puerto Montt, d’où nous prendrons un bus pour Pucon.
Etat de la situation
Température : 4°
D+ cumulé marché: 1100m
Jours d’attente/trajet: 9
Kilomètres marchés: 24

Lorsque la musique s’est coupée à la fin de la fête, un Chilien du ferry nous prend par le bras et nous emmène voir une partie de taba.
Il nous aura fallu plusieurs explications et plusieurs parties pour comprendre:
2 lanceurs distant de 4 à 8m, lancent à tour de rôle un taba (os dorsal d’une vache dans lequel on a fixé deux plaques en métal). Les autres entourent les lanceurs et parient (des gros billets en plus) si la taba va tomber « buena » sur l’une des deux plaques ou « mala » sur la tranche. Si elle tombe mala le lanceur perd.
La révélation du jour
« Ah mais hola ça veut dire vague? Du coup dans les stades les gens crient vague! »



















